Face à l’envasement des ports bretons, il est, depuis fort longtemps, habituel de draguer les boues jusqu’au large. Une pratique qui présente de graves conséquences écologiques et contre laquelle luttent en ce moment même différentes associations. Petit tour d’horizon de ce problème qui concerne plusieurs bassins du littoral, en Bretagne.
Le rejet du dragage au large, ça consiste en quoi ?
Le dragage est une technique consistant à prélever les sédiments trouvés au fond des ports, sédiments qui se sont amassés au fil des années. Ces derniers sont ensuite rejetés au large…Or, plusieurs associations écologistes bretonnes se lèvent aujourd’hui contre le rejet de ces matériaux, souvent pollués, en pleine mer. C’est le cas du collectif d’associations environnementales qui ne veut plus voir les boues de l’ex-base de sous-marins de Lorient, draguées au large de Groix. Il est en effet question ici de transporter en pleine mer près de 150 000m3 de boue polluée !
Depuis le déclenchement des débats, le président de Cap L’Orient a demandé au laboratoire Idra Environnement de procéder à des prélèvements pour analyser ces boues. Les résultats devraient tomber sortir bientôt…en espérant qu’ils influenceront réellement le Préfet, seul maître de la décision.
Quelles conséquences néfastes ?
Aujourd’hui, le problème que pose le rejet du dragage en mer est celui de la toxicité des sédiments. En effet, ces boues entassées dans les ports comportent différents éléments non biodégradables. Des éléments toxiques et polluants, provenant de nos activités, tels que ceux que déplacent les rivières jusqu’à nos estuaires. C’est à dire des polluants des activités portuaires mais également industrielles et ménagères. Malheureusement, 40 millions de mètres cubes de vases sont décrassés chaque année pour échouer au large.
Les effets de ces rejets en mer sont diverses. Dans le Morbihan, l’analyse des coquillages met en évidence une concentration de métaux lourds. Christian Garnier, vice-président de France Nature Environnement confiait à Ouest-France le 1er décembre dernier, que ces rejets entrainent « une stérilisation du milieu pendant des années ». Mais la présence de ces boues menace aussi des espèces animales telle que l’éponge carnivore, une espèce portant protégée.
Ce qui pourrait être envisagé…
Pour les plusieurs associations qui défendent aujourd’hui le Morbihan, il y a un véritable cartel qui donne la priorité aux accès maritimes au lieu de la sécurité sanitaire et la protection de l’environnement. Pour autant, ces associations ne réclament pas obligatoirement l’arrêt total des rejets. Plus de transparence et l’arrêt de l’abandon de macro-déchets seraient déjà une avancée. Jacky Bonnemains, qui fait partie de l’association Robin des Bois, expliquait à Ouest-France que tout sédiment contaminé doit être recyclé et valorisé.
Le traitement des déchets pourrait se faire sur terre. Une méthode ignorée à cause des coûts importants engendrés et qui sont supérieurs au rejet en pleine mer. Ceci dit de nouveaux projets voient le jour tel que le projet européen Setarms qui viserait à valoriser économiquement les déchets. Mais qui ne devrait pas apporter de vraies solutions avant 2013…En attendant, les associations écologistes et les pêcheurs n’hésitent pas à faire appel à la justice